Je suis triste pour mes occupants.

Je dois tout d’abord te raconter mon histoire.

J’ai été abandonnée parce que

j’étais trop petite ou bien trop grande.

Et puis un jour, ils sont arrivés.

J’ai fait en sorte de leur plaire.

Et j’ai réussi.

Mes murs ont tremblé quand je les ai entendus dire qu’ils

allaient agrandir ou supprimer une pièce.

Mais ils me plaisaient, donc j’ai accepté.

Ils étaient heureux de me peindre, de me transformer,

et leur sourire me disait qu’on allait vivre une très longue

aventure ensemble.

Je sais que pour m’avoir, ils ont travaillé dur.

Ils ont économisé, ils se sont privés, ils ont épargné.

Je les ai entendus en parler.

Donc je fais en sorte de leur plaire…

Et que cela dure le plus longtemps possible.

J’ai accueilli leur premier né et leur dernier né.

Nous formions un foyer heureux.

Puis le temps avance, ils travaillent toujours aussi dur.

Et je voudrais tellement retrouver ce foyer heureux.

Car je prends vite la poussière, je vieillis aussi.

Je subis les intempéries, les petits aménagements

comme les grands changements.

Et je peine à garder la beauté des premiers jours.

Entre travail, enfants, et le rythme effréné du quotidien.

Je les sens moins paisibles en mon sein… Que puis-je faire ?

Oui, ils ont cherché à répondre à mon besoin,

mais ils ont été déçus.

Mais j’ai envie de connaître leurs petits-enfants.

Car je suis la seule qui leur rappellera le

début de leur histoire.

Je suis la maison numéro 3 avec le toit rouge.

En face de la pharmacie.

Tu me reconnaîtras, je suis très accueillante.

C’est la maison numéro 6 qui m’a parlé de toi.